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Mais pour quelle raison le dirigeant de ChatGPT souhaite-t-il scanner votre iris pour déterminer si vous êtes un utilisateur de crypto-monnaie?


La Silicon Valley a vraiment le talent de vous vendre les solutions aux problèmes qu’elle a créés. Sam Altman, le patron de la start-up à l’origine du robot conversationnel ChatGPT, a aussi fondé une autre entreprise, il y a plus de trois ans de cela : Worldcoin. Son objectif : offrir à toute personne sur terre un « passeport numérique mondial », une identité ancrée dans la blockchain. La société vient de lever 100 millions de dollars et attire des grands noms du capital-investissement.

Sa solution est dans l’air du temps, puisqu’elle vise à lutter contre les intox qui risquent de se multiplier avec les prouesses de l’intelligence artificielle (IA). Il s’agit de « prévenir la dissémination de contenus sonores/visuels générés par l’IA dans l’intention de tromper ou de propager massivement de la désinformation », explique le site de Worldcoin.

Elle propose ainsi d’ores et déjà un portefeuille pour stocker votre identité numérique et prétend que les utilisateurs « ne doivent fournir aucune information personnelle pour s’enregistrer ». Il vous sera quand même demandé un « scan de l’iris » pour attester de votre identité, les mots de passe sont conservés sur Google Drive et, en tant qu’intermédiaire crypto, Worldcoin est fortement susceptible de tomber sous le coup de la réglementation européenne MiCA, qui exigera une procédure de connaissance client. Les scans des iris sont pris grâce à des machines appelées « Orbs » et disséminées dans le monde entier, mais pas encore en France. Les amateurs de 1984 et de Minority Report apprécieront.

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Actuellement, l’application est gratuite : World App, le portefeuille en question, dispose d’une clé (une adresse) sur la blockchain Polygon (elle-même construite sur Ethereum). Elle permet d’acheter des bitcoins, des ethers et des dollars – ou bien sont-ce des jetons à leur image (WBTC, WETH et USDC) ? L’appli n’est pas claire à ce sujet.

Les titulaires se voient en plus proposer un jeton maison, le WLD, chaque mois en guise « d’indemnité [stipend] »… à condition de bien vouloir se faire scanner l’iris. Pourquoi autant de focalisation sur l’œil de ses utilisateurs ? Parce que c’est une des techniques les plus fiables pour l’identification des personnes. Worldcoin compterait déjà 1,7 million d’utilisateurs à travers le monde. C’est un succès, et cela se comprend : une interface ergonomique, des transferts gratuits à travers le monde et une promotion inespérée grâce au nom de Sam Altman, propulsé porte-étendard de l’IA à travers le monde via sa contribution à ChatGPT. L’objectif n’est, d’ailleurs, pas que de lutter contre la désinformation. Il est aussi de « redistribuer la richesse créée grâce à l’IA ». De quoi attiser rapidement la curiosité. Officiellement, Worldcoin a ainsi pour ambition d’offrir un revenu universel pour compenser la destruction des emplois résultant de l’automatisation à travers le monde.

Rémunérer les travailleurs du clic ?

VIDEO: 🌍 WORLD COIN : VOTRE IRIS CONTRE DES CRYPTO ?! 👀 💰
Omniscience

Mais n’est-ce pas aussi un moyen de reprendre un chantier là où l’avait laissé un concurrent, Libra de Facebook ? Un formidable outil qui aurait permis la rémunération des contenus créés par les utilisateurs, mais aussi… celle des données personnelles. Car les systèmes d’IA fondés sur l’apprentissage automatique ont besoin de grandes masses d’information, le Big Data, pour créer des modèles pertinents. Seulement, les entreprises doivent maintenant affronter plusieurs obstacles pour les obtenir. La première est celle du règlement européen « RGPD », qui permet aux utilisateurs des services Web de refuser le partage de leurs données – une petite « indemnité » pourrait les faire changer d'avis.

La seconde, c’est la menace de poursuites en justice de la part des entreprises qui estiment que leurs données ont été pillées pour entraîner la machine. Plusieurs plaintes ont été déposées contre Stability AI par des artistes et la banque de photos Getty, qui l’accusent d’avoir utilisé leurs contenus pour entraîner son modèle de génération automatique d’image (Stable Diffusion). Open AI est également poursuivi pour ne pas avoir mentionné les auteurs de pans entiers de code que ChatGPT a recraché, bien qu’il s’agisse de contenu en libre accès. Pour entraîner les modèles, il faudra peut-être bientôt rémunérer les créateurs et créatrices, mais une société d’IA ne pourra pas leur offrir des sommes considérables (même quelques dizaines d’euros) puisqu’il lui faut des millions de contenus. Ils devront peut-être se contenter de quelques centimes, voire des fractions de centimes, et c’est là que les cryptomonnaies trouvent leur utilité.

D’autres travailleurs pourraient encore être ainsi rémunérés : celles et ceux qui trient les contenus, et que l’on appelle « les tâcherons du clic ». Car, pour entraîner une IA, encore faut-il que la base de données soit « propre », sans erreur, sinon le modèle ne fonctionnera pas : « garbage in, garbage out [déchets en entrée, déchets en sortie]», disent les ingénieurs. Après ce grand ménage, il convient aussi de sélectionner à la main les mauvaises réponses de la machine, pour lui apprendre à les éviter (comme les propos haineux). Amazon Mechanical Turk, appartenant au géant du e-commerce, propose ce genre de service depuis les années 2000, et les concepteurs d’IA y ont massivement recours. OpenAI avait pour sa part fait appel à des travailleurs kényans, payés moins de deux dollars de l’heure, afin de trier les réponses de ChatGPT et lui apprendre ainsi ce qu’il avait le droit de dire ou non. Pour des rémunérations faibles et occasionnelles, une cryptomonnaie facilite le règlement des travailleurs, surtout s'ils et elles sont identifiés correctement.

Sam Altman pourra ainsi proposer un service de paiement afin de poursuivre le développement des IA génératives. Ce ne sont toutefois que des hypothèses pour le moment, reste à savoir si Worldcoin sera vraiment utilisé à cette fin.

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Author: Brian Evans

Last Updated: 1700299322

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